Farsight VR étend la simulation 3D à une large gamme de métiers
Publié le 30/10/2019
Fini le temps où l’on testait la réalité virtuelle pour afficher son esprit d’innovation. La simulation 3D passe à la vitesse industrielle. Et la startup rennaise Farsight VR est un moteur de cette accélération. Ses outils interactifs en environnement virtuel ou augmenté s’appliquent aux domaines de l’énergie, du BTP, des services, de la défense…
Ils ont démarré à deux : l’un, Melchior d’Argentré, spécialiste en développement d’applications 3D ; l’autre, Douglas Ouazzani, expert en infographie. En mai 2015, ils ont uni leurs compétences pour créer Farsight VR, une startup qui prend de l’ampleur dans le domaine de la simulation 3D interactive. Depuis lors, les deux fondateurs ont été rejoints par un troisième associé, Pierre Berthou, tandis que l’équipe grossit régulièrement. Fin octobre 2019, ils sont treize qui viennent d’emménager dans de nouveaux locaux, plus grands.
Le simulateur du technicien ou de l’ouvrier
C’est une opportunité qui a lancé l’activité : la réalisation de simulateurs de chars pour la défense. “C’était un gros projet” se souvient Melchior d’Argentré, “il nous a occupé toute la première année.” Mais le véritable positionnement de la jeune société est venu plus tard, avec l’arrivée de casques de réalité virtuelle avancés à des prix accessibles. “Il n’y a pas de raison que la simulation soit réservée aux pilotes d’avion et aux militaires. Avec des outils comme le casque HTC Vive, nous avions les moyens d’adresser tous les métiers et des réaliser le simulateur du technicien ou de l’ouvrier.”
Pour convaincre et s’approprier la technologie, Farsight réalise un démonstrateur “en interne” bâti sur un scénario d’utilisation d’un tour d’usinage. Démonstrateur qui fait son effet puisque Farsight sera sélectionnée par Enedis pour développer des modules de formation en réalité virtuelle à l’installation de compteurs électriques. “Travailler pour Enedis a été pour nous un tournant. Ça nous a permis de confronter nos développements à un déploiement réel, avec des retours des formateurs et des utilisateurs.”
L’entrainement à des situations dangereuses
Suite à cette collaboration avec le gestionnaire du réseau d’électricité, le carnet de commandes s’est rapidement rempli : “Nous avons signé plusieurs gros clients : la Marine nationale, l’Apave, le CFA du bâtiment…” Farsight développe des modules de formation pour l’entrainement à des situations dangereuses ou à l’utilisation de matériel difficile d’accès car très coûteux ou encombrant. Les avantages de la simulation : l’apprenant est confronté à des situations proches de la réalité et il s’entraine en toute sécurité. Aussi : “Le formateur peut déclencher des événements pour observer les réactions.” Et encore : “Tout compris, le matériel coûte 1500 euros environ. On peut multiplier les sites de formation.”
Farsight a décollé en 2019, avec un doublement du chiffre d’affaires qui devrait s’établir à plus de 600 mille euros. Et le futur s’annonce sur un rythme équivalent, grâce aux avancées de la réalité virtuelle. “Aujourd’hui, on passe sur de nouveaux casques autonomes, non reliés à un PC. Ils sont à la fois plus pratiques d’utilisation et moins chers. Ils vont permettre de déployer en masse des services multi-utilisateurs.”
Vers les métiers augmentés
Depuis les débuts en 2015, Melchior d’Argentré a vu le marché de la réalité virtuelle évoluer : “On voit maintenant de gros appels d’offres, la taille des projets augmentent, il y a plus d’ambition…” Mais la startup anticipe aussi de fortes attentes du côté des applications de réalité augmentée. “Pour l’instant, les clients investissent dans de la formation en réalité virtuelle. Mais la maintenance sur site en réalité augmentée, c’est de la productivité. C’est une question de maturité technologique, dans quelques années on y sera obligatoirement.”
En attendant, Farsight diversifie ses sources de revenus. L’entreprise développe des applications de formation qu’elle vendra sur étagère. Elle sortira bientôt un module de formation à la lutte contre l’incendie. Et elle en prépare un autre au pilotage d’une nacelle élévatrice. “L’idée, c’est de toucher de plus petites structures : des petits organismes de formation ou des indépendants.”
Farsight VR est membre Images & Réseaux
