Publié le 09/01/2019
Son raisonnement est le suivant : tout projet d’aménagement s’appuie sur une maquette numérique, le scanner laser 3D est le moyen de digitaliser l’existant avec précision, mais il faut des outils pour donner du sens aux nuages de points ainsi générés. D’où la mission que s’est fixée la jeune société. Taglabs ambitionne d’accélérer la transformation d’un relevé 3D en une maquette numérique composée d’objets identifiés.
Avant de fonder Taglabs, Yan Koch était déjà un pionnier du scanning laser 3D. Pendant 7 ans, à la tête de la société Liber-D qu’il a cédée depuis, il avait expérimenté toutes les facettes de la digitalisation des ouvrages et bâtiments. Au point de se convaincre que cette technique naissante allait devenir incontournable, en particulier dans l’industrie : “La plupart des usines font l’objet de travaux au fil de l’eau, qui n’impliquent pas forcément de mise à jour des plans. Si bien qu’après quelques années la réalité ne correspond plus du tout à la maquette d’origine.” On découvre en général cette dérive progressive plus tard, à l’occasion de travaux importants de rénovation ou de modernisation : “Les bureaux d’ingénierie partent de plans qui sont faux, ce qui occasionne des erreurs et des retards qui pénalisent tout le monde.”
Pour y remédier, le scan laser 3D apparait être la solution. C’est un appareil de mesure sur pied semblable au matériel de topographie d’un géomètre, qui effectue une série de relevés en trois dimensions. En sortie, on obtient un nuage de points extrêmement précis représentant la réalité “au millimètre”. Sauf qu’il reste à donner du sens à ces points, ce qui est une autre histoire. “Typiquement, pour une journée passée à scanner, on peut passer deux à trois semaines à exploiter les points. Ce qui est un ratio très défavorable. Les clients ne peuvent pas attendre aussi longtemps pour avancer sur leur projet.”
C’est ce qui a motivé la création de Taglabs : “Le nœud du problème n’est pas l’acquisition mais l’exploitation des nuages de points.” La jeune entreprise nantaise développe des outils pour accélérer les traitements en aval du relevé 3D. Idéalement, le logiciel d’exploitation devra être capable de reconnaître des objets de façon semi-automatique. Par exemple : “Faire en sorte que tous les points qui représentent un poteau se transforment en un objet qui s’appelle poteau, avec toutes les caractéristiques techniques qui y sont associées.”
Il existe déjà des logiciels qui s’attaquent au problème, peu convaincants selon le dirigeant de Taglabs. Si bien que “c’est le moment de lancer un développement” et créer ainsi “le premier produit français dans le secteur”. L’idée est de coupler de la reconnaissance automatique d’objets avec des informations métiers, des tags renseignés par un expert. “L’utilisateur donne l’impulsion initiale, spécifique au métier. Puis il laisse le logiciel faire ce qu’il sait bien faire : fouiller dans une base de données, reconnaître des objets, les placer dans une maquette.”
Jan Koch investit toute son énergie dans cette aventure pour l’instant financée sur fonds propres et quelques aides à la R&D. En 2018, il a embauché deux développeurs et recruté un thésard. En 2019, il prévoit une levée de fonds tout en mettant la priorité sur de la prestation de service “pour ramener de la trésorerie”. Côté prestation, Taglabs se positionne en maître d’œuvre de la modélisation d’ouvrages industriels, ce qui lui permet aussi d’expérimenter et peaufiner ses premiers développements : “Nous avons déjà réalisés un certain nombre de briques logicielles qui démontrent notre savoir-faire.”
À l’heure du BIM et du smart building, l’exploitation des nuages de points est une niche en devenir. Dont on ne pourra pas se passer selon l’entrepreneur. “Nous sommes sur un créneau qui a une véritable utilité : passer de la réalité à un modèle numérique exploitable est crucial pour toutes les activités. Nous concentrons nos efforts sur l’industrie. Mais nous ne perdons pas de vue toutes les autres applications possibles et elles sont nombreuses.”