Publié le 27/02/2019
La PME morbihannaise est positionnée sur une micro-niche. NKE Marine Electronics instrumente les voiliers de croisière, de régate et de course au large. Ses capteurs de vent et pilotes automatiques sont régulièrement sur le podium des plus grandes compétitions. Mais pour rester au sommet s’annonce un défi : le pilotage automatique des bateaux à foils qui révolutionnent le monde de la voile.
Le métier de NKE Marine Electronics est l’électronique performante soumise à de très fortes contraintes. “Nos instruments doivent être capables de faire le tour du monde et de résister aux embruns, aux chocs et aux vibrations par des températures extrêmes : depuis l’Équateur jusqu’à l’Arctique ou l’Antarctique” illustre Paul Fraisse, le délégué général. Ce qui, traduit en exigence de marché, se résume par une équation compliquée : “Faire le plus performant et résistants possible, pour la durée de vie du bateau et à un prix abordable.”
NKE Marine Electronics est installée à Hennebont, à une poignée de kilomètres de Lorient. L’équipe –17 personnes aujourd’hui – fait “tout de A à Z”. Elle développe, fabrique, commercialise et assure la maintenance d’une gamme d’instruments de bord. Ce sont des afficheurs, des capteurs et des pilotes automatiques destinés à un marché “très vertical” : celui des voiliers. Le catalogue des instruments NKE alimente un réseau de distributeurs en France et à l’étranger qui vendent des installations comprenant aussi radar, VHF, communication satellite, traceur de cartes… “Nous sommes interconnectés avec tout cet environnement.”
Sur ce modèle économique, la PME a réalisé 2,3 M€ de chiffre d’affaires en 2018. Son principal argument : “le marketing par la preuve”. Autrement dit, le taux de pénétration de son catalogue dans les grandes compétitions. NKE équipait ainsi 94% des concurrents de la Mini Transat 2017, et 47 Class40 sur 53 de la Route du Rhum 2018. “Ce sont des compétiteurs, ils choisissent le meilleur matériel. Nous faisons donc partie des meilleurs du moment.”
Sur le marché des voiliers, les produits de NKE Marine Electronics couvrent trois domaines : la croisière hauturière, les régates et la course au large. Ce dernier domaine, où l’on trouve les plus gros budgets, sert aussi de plateforme de développement : “Nous travaillons avec en amont avec les équipes pour obtenir l’excellence. Et eux disposent de spécialistes capables de nous faire des retours pour progresser.” La PME morbihannaise est ainsi associée à l’aventure Sobebo Ultim’, le géant des mers skippé par Thomas Coville.
En ce moment, quels sont les sujets R&D ? “C’est surtout l’amélioration des capteurs et du pilotage automatique. En fait les deux marchent ensemble car pour piloter efficacement, il faut disposer de bonnes informations.” Côté capteurs, NKE Marine Electronics travaille à diminuer le temps de rafraichissement des données “pour que la décision se fasse le plus tôt possible”. Côté pilotage, il faudra injecter dans le système de la prise de décision automatique. Une question très délicate sur un bateau car : “La première des performances, c’est la sécurité.”
Le problème de la prise de décision automatique se pose notamment pour les dernières générations de voiliers équipés de foils qui leur permettent de s’élever au-dessus de l’eau. “C’est magique, mais difficile à régler manuellement.” Ceci, parce qu’il faut manœuvrer tous les réglages de façon précise, rapide et coordonnée. D’où l’intérêt des automatismes : “On n’y est pas encore, mais les axes de développement sont là.” Chez NKE Marine Electronics, les défis sont à la fois techniques et sportifs. “C’est très valorisant pour l’équipe” admet Paul Fraisse. D’ailleurs, il existe une belle occasion de participer à l’aventure, l’entreprise recrute en ce moment un ingénieur logiciel embarqué qu’elle peine à trouver.
Crédit photo : Pierrick Contin