IoT dans l’agriculture : “Nous avons de nouvelles demandes tous les jours”
Publié le 22/10/2020
Aurélien Seugnet est responsable du développement commercial chez Kerlink où il s’occupe du secteur du Smart Farming. Une position privilégiée pour observer la pénétration de l’IoT dans l’agriculture en France et dans le monde. Voici sa vision, résolument optimiste, où il est question de température des animaux comme de pression de la sève dans les arbres fruitiers…
L’internet des objets est un secteur prometteur mais encore en construction. Où en est Kerlink aujourd’hui ?
Aurélien Seugnet. Nous sommes un fournisseur de solutions pour l’infrastructure et l’exploitation de réseaux IoT bas débit. Après une phase de croissance avec les opérateurs télécoms proposant des réseaux publics, nous nous concentrons désormais vers le déploiement de réseaux privés sur des marchés bien identifiés comme la smart city, le territoire intelligent, l’industrie connectée… Et puis l’environnement et l’agriculture qui sont les secteurs dont je m’occupe plus particulièrement.
Aujourd’hui, le stade des Early Adopters est dépassé. Les gens savent très bien ce qu’est la technologie LoRa et les bénéfices qu’elle apporte en termes de connectivité, de coûts de déploiement et de coûts d’exploitation. L’écosystème IoT est mature, la demande est là : Kerlink est dans une phase de croissance ferme et constante sur les différents marchés verticaux ciblés. On sent une accélération progressive, mais il reste encore du chemin pour passer à l’échelle du Massive IoT.
Qu’est ce qui pousse l’IoT de l’avant dans le secteur agricole ? Qu’est-ce qui motive les agriculteurs à s’équiper ?
Aurélien Seugnet. On observe trois tendances fortes, qui valent aussi bien pour la production animale que pour la production végétale. La première, c’est l’optimisation des coûts de production. L’agriculture est un métier difficile qui dégage des marges très réduites. Si bien qu’il faut maîtriser les dépenses : fournir la ration la plus juste, apporter l’amendement optimal, arroser avec la bonne quantité. Le deuxième motif, c’est l’augmentation de la qualité. Pour l’élevage, il s’agit notamment de bien être animal. C’est une demande que j’entends partout et tout le temps. Pour les cultures, il s’agira de détecter au plus tôt ce qui pourrait nuire à la qualité du végétal et d’effectuer les bons apports au bon moment. La dernière tendance concerne le réchauffement climatique et la nécessité impérieuse d’optimiser l’utilisation des sols et l’usage de l’eau.
S’agit-il uniquement d’agriculture industrielle ? Les exploitations de taille plus modeste sont elles aussi concernées ?
Aurélien Seugnet. L’agriculture industrielle est bien-sûr plus réceptive à l’introduction de nouvelles technologies. Mais les jeunes agriculteurs d’aujourd’hui ont tous envie d’améliorer leur outil de travail, et ils sont tous équipés de smartphones. Souvent, c’est par l’intermédiaire de leurs coopératives qu’ils sont amenés à utiliser de nouveaux outils.
Nous ne sommes pas au contact direct des agriculteurs. Le rôle de Kerlink est de fournir de la connectivité IoT. Nos clients sont des intégrateurs qui répondent à des besoins spécifiques d’un métier donné : l’élevage laitier ou l’arboriculture fruitière par exemple. La mise au point d’une solution complète passe par des partenariats pour assembler les différentes briques. Nous avons de nouvelles demandes tous les jours pour participer à des projets et accélérer la construction de solutions clé en main.
Pouvez-vous illustrer par des exemples ?
Aurélien Seugnet. J’en donnerai deux. Le premier est une solution de monitoring d’un élevage bovin commercialisée par notre partenaire Medria services. Aujourd’hui, 300 000 vaches sont connectées en permanence grâce à cette solution. On pourra par exemple détecter une élévation de la température de l’animal, un changement de comportement, qui peuvent être le signe d’un vêlage imminent. Le deuxième exemple fait appel à une innovation incroyable : la mesure de la pression de la sève dans les arbres. Grâce à ce procédé non invasif, notre partenaire Saturas a mis au point une solution d’irrigation de précision utilisée dans les oliveraies, les vignobles ou la production fruitière.
Côté R&D, identifiez-vous des pistes qui pourraient accélérer le décollage du Smart Farming ?
Aurélien Seugnet. Il faut d’abord préciser que Kerlink est membre fondateur et très impliqué dans la LoRa Alliance® pour l’amélioration des spécifications LoRaWAN. Ce qui impacte favorablement tous les marchés verticaux que nous adressons. Parmi les principales directions de recherche, je citerai le roaming inter-opérateurs : tout ce qui favorise l’interconnexion des réseaux, publics et privés, et des différentes technologies IoT. Ensuite le Device Management : être capable de mettre à jour à distance un parc de capteurs alors que l’on n’échange que de très petits messages sur le réseau. Et puis nous travaillons aussi sur des fonctionnalités de Edge Computing, afin de traiter les informations au plus près du terrain et limiter les échanges dans le cloud.
La technologie est en évolution permanente, si bien que nous avons pour nos passerelles IoT une feuille de route de développement particulièrement riche et enthousiasmante.
Et sur les différents cas d’usages, dont la Smart Agriculture : www.kerlink.fr/solutions-usecase/use-cases
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